L'étude des mains fait l'objet d'un cours sur Le langage silencieux des mains dans la peinture baroque et de l'analyse d'une peinture de Étienne Parocel: Jésus et la Samaritaine
L'art pictural des XVIIe et XVIIIe siècle est un art du discours. En peinture comme dans de nombreux domaines comme la chaire ou le théâtre, le corps se doit de convaincre, de
persuader. Parvenir à cette éloquence s'apprend et demande du temps. La peinture baroque va donc inventer une mise en scène de ce spectacle silencieux en reprenant une « méthodologie »
édifiée à l'époque au service de l'art de la rhétorique. Ces ouvrages sous forme de planches dessinées sont réalisées par des professeurs, des médecins, des artistes ou des comédiens. Il s'agit
d'un véritable alphabet de gestes servant à exprimer les passions de l'âme, à définir au plus près les émotions vécues et ce à travers les différentes parties du corps, le visage, les bras, les
mains, les doigts et les pieds. Des planches d'études telles que celles de Charles Le Brun pour les expressions du visage serviront de référence aux peintres qui adapterons ces codes au langage
pictural. L'artiste deviendra chorégraphe et exprimera à travers les postures et mimiques de ces personnages la palette nuancée de leurs mouvements de l'âme. Il s'inspirera de ces gestes codifiés
pour faire parler son tableau.
Dans cette scénographie, les gestes d'action et de passion se doivent d'être reconnaissables en un clin d'œil, la lecture de l'image immédiate et l'interprétation rapide. L'image doit convaincre, instruire, plaire et émouvoir, tout cela dans la convenance et à travers un langage muet, comprit de tous. Évoquer les passions en peinture entraîne une forme de purification, de moralisation constituant le but de l'art. Aux XVIIe et XVIIIe siècle on tente d'imiter la nature et l'étude des passions de l'âme justifie la finalité de l'art. C'est l’émergence du corps expressif du bout des pieds jusqu'aux cheveux et dans cette chorégraphie figurative les corps vont exprimer les passions domestiquées.
Nadège Dauvergne, mars 2015